
Le “God Save The King”: Une Royale Histoire de Cul!
Le “God Save The King”: Une Royale Histoire de Cul!
Et pour couronner le tout, si vous me passez l’expression, cet hymne n’aurait jamais vu le jour si le royal postérieur du grand Louis XIV n’ avait pas été affecté d’une maladie fort débilitante: la fistule anale!
Mais commençons par le début…
La Fistule Anale
Le Roi Soleil a alors la quarantaine. Il souffre depuis des mois d’une complication d’un abcès mal placé: la fistule anale.
C’est une affection terriblement douloureuse et invalidante. Elle a pu être causée par la répétition de lavements rectaux (par introduction d’un clystère non stérilisé dans l’anus), remède très en vogue à l’époque (il est vrai que les ressources médicales sont quasiment inexistantes), de la pratique intense de l’équitation, et d’une hygiene corporelle pour le moins précaire (notre grand Roi est pratiquement édenté, n’arborant plus que quelques chicots).
Le “Barbier-Chirurgien”
L’état de santé du roi se détériore. Muet face à la douleur, il fait l’admiration de son entourage. N’oublions pas que nous sommes à Versailles. Il y a la cour, mais aussi pléthore d’espions à la solde de gouvernements ennemis. Le Roi se doit de donner le change.
Les médecins ont maintenant épuisé leurs maigres options thérapeutiques. Il n’y a plus dès lors qu’un seul recours : la chirurgie!
La dernière chance, un véritable saut dans l’inconnu et un sacré risque vital et politique!
A cette époque en effet la chirurgie en est à ses balbutiements. Les “chirurgiens” sont bien souvent d’anciens coiffeurs ou barbiers (éduqués par des médecins), car ces derniers sont les seuls à posséder des lames bien affûtées qui permettent des coupes franches et précises: incisions, amputations, etc…
La Grande Opération
Félix prend bien entendu conscience de l’enjeu et s’attelle à la tâche. Il commence par fabriquer un bistouri special à lame courbe, dit ” à la royale”. Puis il expérimente sa technique sur des patients d’hospices locaux (probablement pas volontaires!) présentant une affection similaire à celle du Roi. On dit que beaucoup de ces pauvres bougres sont restés sur le carreau, ignorant sans doute la portée de leur humble sacrifice.
Après s’être fait la main, Félix est prêt. La grande opération a lieu le 18 Novembre 1786 à 7 heure du matin. Un petit groupe de fidèles entoure le Roi. Il est allongé sur le ventre, un coussin sous les fesses. Félix est en passe d’entrer dans l’histoire (entre autres!).
L’intervention va durer trois heures. Je vous laisse imaginer ce qu’ a pu endurer le Roi durant ces moments interminables. La souffrance est à son paroxysme, mais là encore il demeure stoïque, serrant les dents en implorant le Seigneur.
Puis le verdict tombe. C’est un succès! Félix accède à la postérité!
Le soir même, le Roi prend son souper en public et reçoit des ambassadeurs étrangers!
Pour être tout à fait honnête, le succès est mitigé. Il y aura dans les mois qui suivent la “grande opération” de nouvelles interventions. La plaie ne veut pas guérir. Le Roi souffre toujours le martyre mais fait face avec courage et détermination. Puis enfin, en mars 1687, la guérison est proclamée. Le Roi est sorti d’affaire (Félix également…)
Grand Dieu Sauve Le Roi!
Pour soulager le calvaire royal, mais aussi conjurer un éventuel mauvais sort, Madame de Maintenon, qui a épousé secrètement le Roi en 1683, demande a Madame de Brinon, supérieure de la Maison Royale de Saint-Louis, d’ écrire un cantique. Le compositeur Français Jean-Baptiste Lully oeuvre à la partie musicale.
Le cantique, nommé “Grand Dieu Sauve Le Roi” est chanté durant l’opération par les Demoiselles de Saint-Cyr qui l’interpréteront ensuite à chacune des visites du Roi à la Maison Royale.
Près de trente plus tard, le compositeur Germano-Anglais George Frediric Handel tombe sous le charme du cantique lors d’une visite à Versailles. Il conserve la mélodie et fait traduire le texte mots pour mots.
Le cantique est renommé “God Save The King”.
En 1745, il devient officiellement l’hymne Anglais, un des hymnes nationaux les plus connus au monde.
De Lully/Brinon (1686) aux… Sex Pistols (1977), la boucle est bouclée…
Merci de bien vouloir noter cet article