Brest: métropole océane entre tradition et modernité

Brest: métropole océane entre tradition et modernité

Brest: métropole océane entre tradition et modernité

Une brève histoire de Brest

Ouverte sur le grand large atlantique, la ville de Brest offre un visage contrasté, fruit d’une histoire à la fois tourmentée et riche en rebondissements.

Les historiens font remonter à l’époque romaine les premiers fondements de l’actuel château fort édifié par les comtes de Léon à partir du IXème siècle. Aujourd’hui encore, la forteresse médiévale domine la ville et surplombe la Penfeld, rivière qui scinde la ville en deux entités bien distinctes : « Brest-même » et Recouvrance.

Le vieux Brest

L’importance maritime de Brest ne prend cependant son essor qu’avec la création en 1686 par le Cardinal de Richelieu d’un port militaire destiné à abriter une marine puissante.

Il s’agit alors de mieux contrôler les mers et de contrer les velléités stratégiques de l’Angleterre. A l’époque, on se souvient encore de l’occupation de la ville par les Anglais, profitant de la guerre de succession de Bretagne pour investir la place au XIVe siècle.

Brest ne sera rendue aux ducs de Bretagne qu’en 1397. Sous le règne de Louis XIV, l’ingénieur Vauban poursuit la fortification de Brest et la ville devient le premier port de guerre français.

Brest connait alors une renommée internationale. Le port du Ponant accueille en 1686, trois ambassadeurs du roi de Siam venus rendre visite à Louis XIV et porteurs d’une lettre rédigée par le roi Naraï. Ce dernier veut faire de son royaume un partenaire commercial privilégié de la France et s’assurer de son soutien militaire.

En hommage à cet événement, la rue principale de Brest sera dénommée rue de Siam en 1742. Depuis lors Brest et sa rue de Siam seront indissociables et sources d’inspiration poétique comme immortalisé dans le poème de Jacques Prévert chanté par Barbara (« Rappelle-toi Barbara, il pleuvait sur Brest ce jour-là »).

Des liens puissants et anciens avec les Etats-Unis

C’est au 18ème siècle que se tissent les premiers liens entre Brest et les révolutionnaires américains. Ainsi, lors de la guerre d’indépendance américaine, les escadres françaises sous le commandement du comte de Grasse appareillent de Brest.

Ce soutien culminera lors des victoires de la Chesapeake Bay et de la bataille décisive de Yorktown où s’illustreront en 1781 les insurgés américains et les troupes françaises du général de Rochambeau.

Pour Brest, le 20ème siècle sera successivement tragique et porteur de renaissance. Durant le premier conflit mondial, plus de 700.000 soldats américains débarquent à Brest à l’automne 1917.

Un campement gigantesque abrite les préparatifs des combattants sur un site dédié dans le quartier de Pontanézen. L’année suivante, le président Woodrow Wilson débarque du bâtiment USS Georges Washington, pour se rendre à la conférence de la paix.

Soldats américains à Brest en Novembre 1917

Dans la France occupée, les Allemands décideront en 1940 pour le plus grand malheur de Brest d’y construire une base sous-marine.

Les bombardements alliés qui s’ensuivront en 1944 vont anéantir la quasi-totalité de la ville historique. La reconstruction prendra plus de 15 ans et au début des années soixante, de nombreux Brestois vivaient encore dans des baraquements provisoires.

Il faut aussi noter que le monument à la mémoire des combattants des forces navales des États-Unis inauguré en août 1937 et détruit par les Allemands le 4 juillet 1941 sera reconstruit en granit rose en 1958

Le monument américain sur le cours Dajot

Construite dans les années 1930, l’ancienne école navale parfois surnommée « Versailles brestois » fera elle aussi l’objet d’une restauration réussie. Elle accueille aujourd’hui un centre d’instruction navale.

Le Centre d’Instruction Navale de Brest

Brest aujourd’hui

Sans rien oublier de son passé, Brest a su se tourner résolument vers l’avenir. C’est aujourd’hui une ville étudiante très dynamique et de nombreuses initiatives continuent de la faire rayonner bien au-delà de la Bretagne.

Brest a ainsi noué près d’une douzaine de jumelages avec de grandes villes et en particulier avec la ville de Denver au Colorado qui a témoigné de son amitié en apportant, dès 1948, une grande assistance à la ville dévastée.

La création en 1992 du rassemblement international des Grands Voiliers illustre la volonté de la cité du Ponant de jouer pleinement de ses atouts maritimes et de sa magnifique rade.

Ces événements donnent aux Brestois l’occasion d’accueillir des marins du monde entier et d’investir les bords de la Penfeld dans le port militaire, lieux d’ordinaire interdits. Des voiliers célèbres y participent tels L’Hermione du nom de la frégate (reconstruite de 1997 à 2014 à l’identique).

Ce navire avait ramené à Brest le marquis de La Fayette au retour de son épopée américaine.

Brest-Rue de Siam

La rue de Siam

De plus, la ville poursuit son évolution. Elle parvient peu à peu à grignoter l’emprise territoriale de la marine militaire. C’est ainsi que les anciens ateliers du plateau des Capucins ont été rétrocédés par l’Etat à la ville et sont devenus un pôle majeur de la vie culturelle à Brest.

La mise en place en 2016 d’un téléphérique qui enjambe la Penfeld contribue également à réduire la fracture existante entre les deux rives de la ville.

A propos de notre auteur

Gérard Déjoué

Gérard Déjoué

Gérard passe sa jeunesses à Brest d’où il rejoint la Marine Nationale qu’il sert pendant près de 30 ans.
Il quitte la Marine avec le grade de Capitaine de Vaisseau puis devient administrateur du Conseil des Ministres de l’Union européenne, plus particulièrement chargé des affaires africaines.

Actuellement en retraite, Gérard partage sa vie entre Brest, Nice et Vienne.

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Le Tonnerre de Brest

Le Tonnerre de Brest

Popularisée par le capitaine Haddock, qui a-t-il derrière cette expression?
Le Tonnerre de Brest

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Le Tonnerre de Brest

Mon père est né à Brest (Recouvrance pour être précis) et ma mère à Saint Renan ( à quelques encablures de la cité du Ponant), et j’ai moi-même passé plus de 20 ans dans cette ville du bout du monde.

Nous connaissons tous (du moins je l’espère) cette expression “Tonnerre de Brest” popularisée par le capitaine Haddock, et une de ses préférées avec “bachi-bouzouk” et “mille sabords”.

Tonnerre de Brest s’utilise pour exprimer une surprise, un dépit ou une colère.

Quelle est l’origine de cette expression?

Longtemps controversée, l’explication “climatique” semble maintenant la plus plausible
grâce a une lettre inédite, récemment découverte dans les archives de l’Académie des sciences.

L’explication climatique

Cette lettre, ecrite par André François Boureau-Deslandes (1689-1757), jeune commissaire ordinaire de la Marine et membre de l’Académie, est intitulee “Sur quelques effets du tonnerre“. Elle raconte les évènements survenus durant la nuit du 14 au 15 avril 1718:

Sur les 4 heures du matin, il fit trois coups de tonnerre les plus horribles que j’aie jamais entendus. Dans cet espace de la Côte de Bretagne qui s’étend depuis Concarneau jusqu’à Saint-Pol-de-Léon, on a observé que le tonnerre était tombé sur 24 églises différentes et à la même heure.

Cinq jours plus tard, Boureau-Deslandes se rend à Gouesnou, non loin de Brest, dont l’église a été transpercée par la réunion de « 3 globes de feu, chacun 3 pieds et demi de diamètre », qui ont occasionné la mort de trois sonneurs de cloches.

Source

Le son du canon

Avant la découverte de cette lettre, l’explication la plus couramment admise était celle du canon de Brest, qui offrait elle même deux options:

  • L’arsenal de Brest, dont le son du canon rythmait jusqu’en 1924 le début et la fin du travail.
  • Le bagne de Brest (1749-1858), qui faisait tonner le canon lors d’une évasion.

Grace à Boureau-Deslandes, le mystère n’en est désormais plus un. L’expression “Tonnerre de Brest”, popularisée par Tintin, mais aussi Marcel Proust, Paul Féval et Georges Brassens, doit son origine au …tonnerre!

Le canon de Brest est réclamé par …l’Algérie!

Peut-être ne saviez-vous pas que le pauvre canon est l’objet d’une querelle avec l’Algérie:

“Le canon avait été ramené en France comme trophée de guerre le 5 juillet 1830, au moment de la conquête de l’Algérie. Transformé en colonne, il est érigé au milieu de l’arsenal de Brest en 1833. Il n’en a pas bougé depuis.”

Sources: Ouest France et Le Télégramme

 

 

Le Tonnerre de Brest en chanson

Tonnerre de Brest est le titre d’une chanson de notre Bretonne nationale Nowlen Leroy ( née comme Maman à Saint Renan) dont vous pourrez apprécier la jolie voix ainsi que les paroles de Miossec dans la vidéo ci-dessous:

Que Nowlen ait commis une chanson sur Brest n’a rien somme toute rien d’étonnant compte tenu de ses origines.

En revanche, que cette expression soit également le titre d’une chanson d’un groupe congolais est un peu plus…surprenant!
Je laisse découvrir leur version dans la vidéo ci-jointe.

Le saviez-vous?

Bien que disposant d’un répertoire d’approximativement 220 jurons, le capitaine Haddock n’en profère qu’une douzaine se rapportant au champ lexical de la mer.

Après la guerre, le langage des personnages de Tintin évolue, devenant plus politiquement correct. Certains jurons du capitaine Haddock disparaissent et sont remplacés dans les rééditions d’albums par des termes jugés moins choquants.

C’est le cas par exemple pour « fatma de Prisunic » remplacé par « bayadère de carnaval » ou « anthracite » et « commerce noir » remplacés par « iconoclaste ».

Petit sondage

Quel est votre juron préféré du capitaine Haddock?

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